Né à l'époque dorée des (désormais annulées) victoires de Lance Armstrong sur le Tour de France, le Madone tire son nom du Col de la Madone, la montée d'entraînement fétiche du Texan.
Pourtant, le Madone a su survivre à la chute de son plus célèbre ambassadeur et construire sa propre légende, indépendante de cette histoire.
Elle combine l’aérodynamisme du précédent Madone avec la légèreté de l'Émonda, tout en mettant fin à la production de cette dernière.
Trek revient ainsi à une gamme plus claire : la Domane reste le modèle orienté confort et endurance, tandis que le Madone devient désormais l’unique vélo de course haut de gamme de la marque.
Avant l’ère des vélos exclusivement « aero », c’était la norme – et Trek affirme y être revenu sans compromis sur la performance.
Trek annonce également une efficacité aérodynamique supérieure : à 35 km/h, le nouveau Madone surpasserait son prédécesseur axé sur l’aérodynamisme de 0,1 W, et resterait légèrement plus rapide jusqu’à 65 km/h.
Le nouveau Trek Madone SLR 7 vu de profil.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
Le modèle haut de gamme SLR 9 affiche un poids de 7 kg, équivalent à celui de l’Émonda – désormais retirée de la gamme Trek.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
À première vue, il était difficile de savoir si Trek présentait un nouveau Madone ou une nouvelle Émonda.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
De face, on distingue clairement la conception aérodynamique globale de Trek, où les bidons s’intègrent dans le triangle avant pour former un profil aérodynamique homogène.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
L’IsoFlow constitue l’élément de design central, hérité du précédent Madone.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
Une autre vue latérale mettant en valeur les lignes épurées et élégantes du Madone.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
(Crédit photo : Future/ Peter Stuart)
(Crédit photo : Future/ Peter Stuart)
Le Trek Madone : retour aux origines
La véritable rupture est survenue avec la deuxième génération (2007), puis avec la troisième (2009) – sans doute la plus marquante – un chef-d’œuvre en carbone OCLV pesant moins de 900 g.
Visuellement, il conservait cependant l’allure d’un vélo « classique ».
Présenté presque simultanément (et involontairement) au Specialized Venge Vias, le Madone 9-Series devient le premier vélo de course à câblerie frontale totalement intégrée.
Le poste de pilotage est d’une propreté remarquable, grâce à des freins Bontrager spécialement développés et intégrés dans la tête de direction.
Ce système ingénieux reposait sur de petits volets en carbone mobiles, s’ouvrant lors de forts angles de braquage pour permettre aux freins de « sortir » du tube de direction.
L’ajout du système IsoSpeed au niveau de la tige de selle, destiné à compenser la rigidité des tubes aérodynamiques, accentue encore ce gain de confort.
À l’époque des freins sur jante et des premiers progrès en aérodynamique, un kilo supplémentaire au-dessus de la limite UCI restait un compromis acceptable, compte tenu des watts économisés.
La mise à jour de 2022 marque un tournant : allégement du cadre, disparition de l’IsoSpeed, et introduction d’une nouvelle ouverture profilée dans le tube de selle, baptisée IsoFlow — un concept qui se poursuit et s’affine avec la huitième génération.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
« À notre connaissance, c’est l’un des – sinon le – vélos de course les plus rapides du peloton professionnel et du marché »,
explique Jordan Roessingh, directeur de la division route chez Trek.
« En comparant les deux paramètres – poids et aérodynamisme – le nouveau Madone est 77 secondes plus rapide par heure que l’Émonda. C’est un gain aérodynamique considérable, obtenu à poids égal. »
L’argument clé est simple : le nouveau Madone atteint le poids de l’Émonda tout en conservant l’aérodynamisme de l’ancien Madone.
« Par rapport à la génération précédente, la performance aérodynamique est identique, » précise Roessingh.
« Mais le cadre est 320 g plus léger – un allègement significatif. Nous avons réuni le meilleur des deux mondes pour atteindre l’excellence sur les deux fronts. »
Le tube de direction du nouveau Madone conserve une partie de l’ADN de son prédécesseur, tandis que les autres sections du cadre adoptent désormais des formes plus arrondies.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
Le tube de selle affiné modifie sensiblement la silhouette du Madone, lui donnant une apparence plus légère et élancée.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
Le nouveau design du Madone s’accompagne d’un nouveau marquage sur le tube supérieur, soulignant l’évolution esthétique du modèle.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
L’IsoFlow offre davantage de confort que sur l’ancien Madone, tandis que le tube de selle arrière illustre parfaitement la philosophie aérodynamique globale de Trek inspirée des profils d’aile.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
La tige de selle intégrée déjà présente sur le Madone Gen 7 est reconduite ici, apportant à la fois plus de confort et un légère augmentation de poids.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
Les simulations de flux d’air du nouveau Trek Madone, réalisées en CFD (Computational Fluid Dynamics), mettent en évidence le rôle des bidons dans l’aérodynamisme global du système.
(Crédit photo : Trek Bicycle)
Particularité : leurs sections transversales apparaissent plus abruptes, sans les profils d’aile classiques ni les contours KammTail typiques.
Mais dans le système complet – pris entre le profil transversal de la roue avant et les bidons aérodynamiques – le cadre forme un corps aérodynamique cohérent et homogène.
L’ouverture centrale IsoFlow dans le tube de selle offrirait ainsi 80 % de souplesse verticale supplémentaire par rapport à l’ancien Madone, et 24 % de plus que l’Émonda (qui n’en est pas équipée).
Trek précise que le précédent Madone pouvait déjà accepter jusqu’à 30 mm, voire davantage selon les montages de roues.
Les 33 mm du Gen 8 sont donc une valeur prudente, confirmée visuellement par l’espace disponible.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
Dans le triathlon et le contre-la-montre, les bidons profilés sont utilisés depuis des années, et ils sont apparus sporadiquement sur les vélos de route aérodynamiques – sans jamais réellement s’imposer.
Et fait étonnant : il est également plus lent sans bidons – mieux vaut donc les laisser en place, même dans les ascensions.
En pratique, plusieurs obstacles ont freiné leur adoption : la plupart des porte-bidons profilés étaient incompatibles avec des modèles ronds, et le simple fait que le retrait du bidon soit un peu moins fluide pouvait devenir un problème pour les coureurs WorldTour en pleine ascension.
Trek affirme avoir résolu ces deux limitations avec ce nouveau système.
Les nouvelles gourdes RSL de Trek, entièrement repensées, constituent le cœur du nouveau Madone.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
Les tubes et les gourdes du Madone forment ensemble un profil aérodynamique élargi et cohérent.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
Le nouveau cintre-potence intégré SLR de Trek présente une section frontale plus épaisse, moins aérodynamique prise isolément, mais optimisée pour interagir avec le cycliste et offrir une meilleure performance aérodynamique globale.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
Project One reste au cœur de l’expérience haut de gamme
« En pratique, nous nous attendons à ce que les coureurs pros les testent sur le Tour de France – ils prévoient effectivement d’utiliser les bidons aérodynamiques. Mais ils doivent aussi pouvoir attraper n’importe quel bidon provenant du service neutre ou d’autres équipes. Nous essayons donc d’équilibrer l’aérodynamisme et la praticité. »
« L’état d’esprit des coureurs a changé. Beaucoup sont jeunes, ouverts à la technologie et prêts à essayer de nouvelles choses pour gagner même quelques watts. Il y a dix ans, ils nous auraient dit : “Trois watts ? On s’en fiche !” »
Petit inconvénient : en raison de leur forme spécifique, il est impossible de poser les bidons debout sur une table pour les remplir.
- Madone SL5 (Shimano 105) : env. CHF 2’800.–
- Madone SLR 9 AXS Project One : env. CHF 12’500.–
- SL → OCLV 500
- SLR → nouveau OCLV 900 (plus léger, plus rigide, plus exclusif)
J’ai roulé sur le Madone SLR 7 avec Ultegra Di2, puis sur le SLR 7 AXS – deux modèles offrant un excellent rapport performance/prix dans le segment haut de gamme :
- Version Ultegra Di2 : env. CHF 7’200.–
- Version Force AXS : env. CHF 7’600.-
Le Madone SLR 9 AXS P1, quant à lui, reste une offre premium, où l’exclusivité et la personnalisation via Project One justifient un prix supérieur.
Dans l’ensemble, le nouveau Madone offre un excellent équilibre entre aérodynamisme, légèreté et confort, et se montre remarquablement compétitif face à la concurrence directe.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
Dans certains cas, la différence entre deux tailles n’était que de 4 mm de stack, rendant la distinction quasi inutile. En réduisant le nombre d’options, Trek souhaite simplifier le choix pour les cyclistes et optimiser la cohérence géométrique entre les tailles.
Certains pourraient y voir une manière de réduire les coûts de production, mais Roessingh nuance :
« Pour un modèle comme le Madone, le coût de fabrication n’est pas tant lié au nombre de moules, mais à leur usure et à leur remplacement. Moins de tailles ne signifie donc pas forcément moins de moules. »
Cette consolidation vise surtout à rationaliser la conception et à garantir que chaque taille conserve des proportions et un comportement identiques, quels que soient la morphologie et le niveau du cycliste.
(Crédit photo : Trek Bicycle)
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
Comme le montrent nos tests en soufflerie, de petites variations dans la position du ou de la cycliste influencent souvent davantage l’aérodynamisme global que des différences plus marquées entre les cadres. Lors de notre test en soufflerie des superbikes 2024, le Trek Madone (ce modèle) s’est classé deuxième, juste derrière le Specialized Tarmac.
Cependant, la véritable force du Madone ne réside pas seulement dans son efficacité aérodynamique. Il incarne la même évolution que celle observée lorsque Specialized est passé du Venge au Tarmac : conserver la puissance aérodynamique sans en faire une obsession. Trek signe ici un ensemble remarquablement équilibré.
(Crédit photo : Future / Peter Stuart)
Rapport d'essai et observations
| Catégorie | Description | Note |
|---|---|---|
| Design et esthétique | Le Trek Madone se distingue comme l'un des vélos les plus marquants du marché. Son tube de selle emblématique définit une silhouette unique et immédiatement reconnaissable. Le design global impressionne par son équilibre entre esthétique et performance : l'aérodynamisme exceptionnel du précédent Madone est conservé, tout en atteignant la légèreté du modèle Émonda. | 9/10 |
| Construction | La construction du vélo est exemplaire. Les différentes configurations proposées sont bien pensées et vont d'options abordables à des versions véritablement haut de gamme. Elles bénéficient du savoir-faire remarquable de Trek et Bontrager en matière de composants, de roues et d'équipements. | 10/10 |
| Performance | En termes de performance, le Madone est presque irréprochable. Lors de nos tests en laboratoire, il s'est classé parmi les vélos les plus rapides, offrant un comportement vif, une précision de pilotage remarquable et une grande polyvalence. | 10/10 |
| Poids | Côté poids, avec 7,4 kg, il affiche une valeur exceptionnelle pour un vélo aérodynamique, même s'il n'est pas le plus léger de sa catégorie. | 9/10 |
| Rapport qualité-prix | Enfin, le rapport qualité-prix reste compétitif malgré un positionnement premium. Ce vélo est cher, certes, mais le niveau de performance et la qualité globale justifient pleinement son tarif. | 7/10 |
| Note globale | 46/50 (92%) |
